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I/ La télévision et la jeunesse, une histoire ancienne

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1) La création et les débuts de la télévision

Le mot « télévision » est prononcé pour la première fois le 25 août 1900 à l’Exposition Universelle de Paris dans l’article Télévision au moyen de l’électricité écrit par le professeur Constantin Perski. Son utilisation était d’autant plus surprenante que la télévision n’avait pas encore été inventée.

John Logie Baird devant son invention

 

http://www.bbc.co.uk/

En effet, la toute première séance de télévision se déroule en octobre 1924 à Londres. Elle est réalisée par l’ingénieur écossais John Logie Baird qui s’est beaucoup inspiré des travaux de Paul Nipkow, un ingénieur Allemand. Il présente son invention dans un magasin Selfridges mais ne réussit pas à convaincre ses spectateurs. Et pour cause, l’expérience ne montre pas de résultats concrets. Les véritables premiers pas de cette invention s’effectueront seulement le 26 janvier 1926 lorsque John Baird télévisera pour la première fois des objets en mouvement devant les membres privilégiés de la Royale Institution, une société savante. La démonstration a été effectuée dans son propre laboratoire.                                      

Plus tard, en 1929, La BBC émet plusieurs programmes expérimentaux par le biais de la télévision, mais ils sont de très mauvaise qualité et seule une centaine de personnes pourront visionner ces images. En 1931, l'ingénieur français René Barthélemy apporte quelques modifications au système de John Baird pour rendre la télévision plus performante.

Mme Béatrice Bretty lors de la première émission française

 

http://radio-piffret.pagesperso-orange.fr/

La première véritable émission télévisée française est diffusée pour la première fois le 26 avril 1935, l’idée viendrait du ministre des postes et télécommunications (PTT). Il s’agit de l’émission George Mandel, filmée depuis un studio installé dans les locaux du ministère et diffusée par un émetteur construit au sommet de la tour Eiffel. Les premiers visages vus à la télévision française sont ceux de Jean Toscane, René Barthélemy et Béatrice Bretty, une actrice française qui prononcera les premiers mots de l’émission : « Nous avons fait un beau voyage… ». Le public pour cette émission est estimé entre 300 et 400 personnes ce qui est très peu.

Dès 1935, certains lieux publics se voient équipés d’un téléviseur mais la population quant à elle y a peu accès. Effectivement, le prix de l’appareil est estimé entre 11500 et 15500 francs soit entre 5000 et 6500 euros pour le récepteur Marconi, de marque britannique. Il est donc difficile pour les foyers de s’en procurer un.

 

Le passage à la télévision électronique se fait à partir de 1936, cela permettant d’améliorer la qualité de l’image. En 1937 la télévision électronique est l’une des attractions de l’Exposition Universelle de Paris, où un studio réalise le premier reportage en direct.

 

La télévision se développe surtout à partir de 1949 avec l’instauration d’un impôt, payé par tous les propriétaires d’un poste télé qui est dédié au financement de la télévision publique. Cet impôt se nomme la redevance télé.  La Radiotélévision Française (RTF) construit la télévision moderne dont le but sera d’informer, de cultiver et de distraire.

 

A cette époque, aucun programme n’était destiné aux enfants. Ils regardaient donc très peu la télévision d’autant plus que celle-ci était peu accessible à cause de son prix élevé. Les programmes pour enfants se sont donc installés progressivement, il s’agissait tout d’abord d’émissions tout public.

Numéro de Clown aux prises avec l'eau dans l'émission "La piste aux étoiles"

 

Date : 07/12/1961 photo de Pierdet, Jean Claude / INA

Il faudra attendre le 17 mars 1954, jour au débute La Piste aux étoiles, présenté par Roger Lanzac aussi surnommé Monsieur Loyal pour qu’une émission prenne enfin en compte le jeune public dans son programme. Il s’agissait d’une émission télévisée présentant un spectacle de cirque se déroulant souvent au cirque d’hiver de Paris ou au Cirque Pinder. Les spectacles duraient 75 minutes et mettaient en scène des clowns, des dresseurs, des illusionnistes et plusieurs autres artistes reconnus. Le producteur de l’émission, Gilles Margaritis, qui était passionné par les spectacles de cirque, a créé cette émission dans le but de transmettre sa passion. Son émission émerveillait les spectateurs, notamment les enfants car elle enchainait 23 numéros de cirque en très peu de temps.

La piste aux étoiles était une émission familiale destinée aux parents mais aussi aux enfants. En effet, elle était spécialement diffusée le mercredi soir car à cette époque, les enfants n’avaient pas école le lendemain. La diffusion de l’émission s’effectuait Jusqu’en 1974 sur la première chaîne de télévision puis sur Antenne 2 de 1975 à 1976 date à laquelle l’émission prendra fin.

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2) L’influence et l'impact de la télévision sur les jeunes et les enfants

Les enfants et les adolescents sont les premières victimes de l’influence de la télévision. Cette influence est présente sous différentes formes et on ne s’en rend pas toujours compte.

 

Chez l’enfant âgé de 3 à 6 ans, la télévision peut avoir un rôle positif dans l’éducation et l’apprentissage uniquement si celle-ci est utilisée avec précautions. En effet, le visionnage de courtes émissions adaptées à l’âge de l’enfant peut lui permettre de faciliter l’apprentissage de l’alphabet par exemple ou d’entrainer sa mémoire. Le temps de visionnage conseillé par les spécialistes à cet âge est donc en moyenne de 10 minutes par jours car la télévision leur demande un effort de concentration important.

Il faut aussi faire très attention aux programmes regardés par l’enfant car à cet âge il est en mesure de mal interpréter les images qu’il à visionner ou de ne pas faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Il est donc vulnérable face à la télévision et pourrait facilement être effrayé par des scènes de violence. En effet, les jeunes enfants sont très sensibles et risquent de développer des traumatismes s’ils sont exposés à des scènes qui ne correspondent pas à leur âge. Les spécialistes recommandent aux parents de parler aux enfants et de leurs expliquer ce qu’ils ont vus pour s’assurer qu’ils l’interprètent correctement.

A partir de 6 ans, l’enfant commence à analyser, à se poser des questions pour comprendre ce qu’il voit. Il fait plus facilement le lien entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. C’est aussi à cet âge que l’enfant va chercher à prouver qu’il n’est plus un enfant en montrant qu’il a clairement compris ce qu’il a vu à la télévision, notamment en voulant reproduire ce qu’il a vu. Si l’enfant regarde des programmes qui ne lui sont pas destinés, cela peut avoir une influence négative sur son comportement. Il pourrait essayer de reproduire des scènes violentes ou dangereuses qu’il a vu à la télévision. Le visionnage trop régulier de la télévision à cet âge peut aussi avoir une mauvaise influence sur le développement de l’imagination de l’enfant ainsi que sur sa capacité de représentation. Effectivement, le pédiatre allemand Peter Winterstein a démontré que plus un enfant passe de temps devant la télévision, moins ses dessins sont réalistes et détaillés. Son étude a été réalisée sur des enfants âgés de 5 à 6 ans.

En voici les résultats : 

Dessins d’enfants regardant moins d’une heure de télévision par jour              

Dessins d’enfants regardant plus de 3 heures de télévision par jour              

Images de l’expérience de Peter Winterstein venants du site https://blogs.mediapart.fr

 

Les enfants exposés moins d’une heure à la télévision ont donc une capacité de représentation supérieure à celle des enfants qui y sont exposé plus de 3 heures. En effet, comme le dit Peter Winterstein "Un cerveau ne s’imprègne correctement des choses que s’il les découvre par le biais de plusieurs sens, c’est-à-dire l’audition, la vue, l’odorat et le toucher. Et, de ce point de vue, la télévision est une source d’information bien pauvre en comparaison avec le monde réel." (Citation tirée du site https://blogs.mediapart.fr)

La télévision a aussi un rôle particulier dans la socialisation de l'enfant, elle propose à l'enfant différentes représentations du monde ainsi que des moyens de s'enrichir culturellement.

Cependant certains enfants découvrent le monde principalement avec la télévision, il est donc difficile pour eux d’interpréter correctement le monde qui les entourent. Ils vivent certaines expériences par procuration. Par exemple un enfant qui regarde le foot à la télévision mais qu'il n’en a jamais fait par lui-même peut connaître parfaitement les règles du jeu mais sans savoir réellement quelles sensations et émotions procurent le fait de jouer au foot.

 

Jusqu’à 10 ans, les enfants s’identifient facilement à leurs personnages préférés, les princesses ou les super héros par exemple. Il s’agit très souvent de personnages fictifs. L’enfant est donc en admiration devant ce personnage et va tout faire pour que sa vie se rapproche de la sienne, en le prenant comme modèle. Cela peut avoir beaucoup d’influence sur son comportement, sa façon d’agir mais aussi sur sa consommation. En effet, l’enfant voudra imiter ce dernier ainsi que posséder les accessoires qui lui sont relatifs.

L’identification a un héros peut aussi lui permettre de se surpasser car il se sent plus fort, voir invincible. Il se valorise pour se mettre au niveau de celui-ci. C’est une façon pour l’enfant de renforcer sa confiance en lui et cela peut lui permettre d’imaginer des aventures qu’il ne vit pas réellement. Avec les dessins animés, les enfants assimilent les super-héros a des hommes costumés. Le fait que les super héros portent un costume leur permet de ne plus être la personne banale qu’ils sont au quotidien. C’est pourquoi les enfants désirent souvent posséder le costume de leur héros. En se cachant derrière ce costume, ils ont l’impression de ne plus être la personne qu’ils sont habituellement mais d’être ce héros et de posséder tous ses pouvoirs ainsi que sa force. C’est aussi une façon de se rassurer, il peut être ce héros mais il peut aussi redevenir lui-même quand il le souhaite.

Cette identification peut être bénéfique pour l’enfant car il s’identifie souvent à un personnage qui combat le mal et qui représente le bien. Mais elle peut aussi être néfaste à l’enfant, en effet il risque de se mettre en danger pour imiter certaines des actions de son héros.

Les petites filles quant à elles, s’identifient plus souvent aux princesses ou aux chanteuses. Elles cherchent un modèle de féminité et de beauté et tentent de lui ressembler.

 

A partir de 10-11 ans, l’enfant devient suffisamment mature pour accéder à certains programmes qui lui étaient auparavant fortement déconseillés, notamment les programmes interdits aux moins de 10 ans. Il est donc plus autonome face aux choix de ses programmes, il est important que l’enfant apprenne à choisir des programmes qui lui correspondent. De plus, à cet âge l’enfant commence à chercher sa personnalité et la télévision peut se montrée très influente sur son choix. Par exemple, vers 10-12 ans, l’enfant commence à affiner ses goûts et à s’intéresser un peu plus aux métiers et au monde du travail. Même si c’est loin d’être un choix définitif, la télévision peut influencer l’enfant et l’adolescent dans sa vision du métier, par exemple les séries policières représente souvent le métier de policier dans son idéal.

 

Arrivé à l’adolescence les garçons ont tendance à vouloir prouver qu’ils sont capables de supporter des programmes parfois très violents même s’ils n’en sont pas capables.

Les filles quant à elles sont facilement influencées par les personnages féminins dans les séries, notamment dans leur style vestimentaire ou leurs paroles.

De plus, les séries à destination des adolescents utilisent des thématiques comme la drogue, l’alcool, ou la sexualité. Or ce n’est pas toujours représenté négativement et les jeunes ont envie de vivre les mêmes expériences que ces personnages car ils n’en connaissent pas forcément les conséquences.

Au niveau de l’alimentation, la télévision peut avoir deux effets contraires selon les émissions regardées par les adolescents. En effet certaines émissions poussent à la surconsommation. Par exemple dans certaines séries américaines on voit des jeunes manger régulièrement dans les fast food. Beaucoup de personnages télévisés donnent l’image de pouvoir manger autant qu’ils le désir sans jamais grossir, or ce n’est pas le cas dans la réalité et les jeunes n’en prennent parfois pas assez conscience.

D’autres émissions au contraire affichent de femmes très minces et la plupart des adolescentes aimeraient leurs ressembler. Les adolescentes qui sont prêtent a tout pour leurs ressembler peuvent mettre leur vie en danger en développant des troubles alimentaires tels que la boulimie ou l’anorexie

Jeune fille anorexique

 

futura-sciences.com

En effet comme le montre l’image ci-dessus la télévision peut influencer la représentation que les jeunes se font d’eux même. Notamment avec l’idée qu’ils ne sont jamais assez minces.

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3) La création du carré blanc

Le carré blanc est un système de prévention, lors de sa création il était destiné à signaler les programmes à caractères sexuels ou violent. Il a été mis en place le 25 mars 1961 pour la diffusion d'un film nommé « Riz amer ». Dans ce film, la caméra s'attarde sur les formes des travailleuses en petite tenue, sur leurs jambes nues et leur poitrine gonflée par exemple. On comprend donc facilement l'arrivée du carré blanc pour que les personnes sensibles, notamment les enfants ne soient pas choqués. Mais, en réalité, le carré blanc à la télévision a été créé avec la diffusion de « L'exécution » de Maurice Cazeneuve en 1961. Ce film expose pendant quelques secondes une femme nue. Le carré blanc a dont été très vite mis en place pour prévenir des émissions représentant des scènes de violences et de pornographie.

Le carré blanc se transforma en rectangle blanc en 1964. En 1996, le CSA décide de mettre des couleurs et de changer certaines formes comme un losange blanc dans un disque bleu pour les programmes bénéficiant d'un « accord parental souhaitable », un triangle blanc dans un disque orange pour les programmes avec « accord parental indispensable ou interdits aux moins de 12ans », un carré blanc dans un disque rouge pour les programmes classés pour       « public adulte ou interdit aux moins de 16ans » et enfin, une croix blanche dans un disque violet pour les programmes classés comme « interdits aux moins de 18ans ». Il faut attendre 2002 pour avoir des indications plus faciles à comprendre.

Le carré blanc a fait l'objet de nombreuses polémiques car, comme le dit André Brincourt qui est responsable de la rubrique télévision dans la Figaro, « Le carré blanc a eu un effet plus attractif que répulsif. L'interdit qu'il signifiait pouvait, paradoxalement, attirer les spectateurs». Cette citation nous explique donc bien que le carré n'a pas servi à éloigner les enfants du poste de télévision, mais plutôt à les attirer, en leur donnant une poussée d'adrénaline. Ces programmes ne leur étant pas forcément destinés, ils pouvaient très excités à l'idée de ne pas respecter les interdictions. Les chaînes, en dehors de Fr3 ont abandonnés le rectangle blanc en 1969. C'est le CSA qui va organiser le contrôle des programmes diffusés avec des lois et recommandations de plus en plus précises au fur et à mesure des années.

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